FLEURTER AVEC LA JEUNESSE








Tu te demandes si tu avais cet air-là, toi aussi. Une arrogance si explicite qu’elle façonne toute l’expression du visage.

Il débute chacune de ses phrases par un « notre génération », qui tient celui qui l'écoute à distance. Contemplant, la silhouette gracile de cette jeunesse qui se donne en spectacle sans se laisser approcher. D’un brin perverse, elle s’offre aux regards avec un plaisir non dissimulé.

Elle a pris l’habitude qu’on l’admire, qu’on l’écoute, qu’on l’interroge, qu’on vienne à elle comme à l’oracle. Puisque c’est elle qui dessine un avenir virtuel, taillé à son image, à ses envies.

Tu apprends qu’ils aiment tous l’art en général, s’intéressent de près à l’écologie. Ils sont généreux, avides de tout partager… C’est simple pour eux, la vie est une célébration !

Puis, tu te mets à penser que tout ce qu’elle t’a dit n’est qu’une publicité pour la jeunesse.
Une jeunesse terrifiée par ses propres canons, l’obligation d’être libre et efficace, extrême et rationnelle, prête à tout et gorgée de grandes valeurs.

Entre infos alarmistes - montée des températures, des eaux et des inégalités sociales - études catastrophiques et immobilisme des états, pas facile de garder foi en l’avenir. Mais plutôt que s’avouer vaincus, si l’on se remettait à espérer.

L’homme contemporain s’imaginait en créature aux pouvoirs illimités, à l’image d’un dieu omnipotent sous à sa seule tyrannie … Un fantasme qui titille l’humanité depuis que l’homme est homme, mais singulièrement accentué par la toute puissance du monde dématérialisé. Et par les réseaux sociaux qui donnent l’illusion à chacun de pouvoir inventer sa vie à son gré.

Comme si, à force de mise en scène de soi dans une existence virtuelle rêvée, on avait fini par croire que nous serions enfin devenus les maîtres de notre destinée, les architectes d’un monde dont nous tirerions nous-mêmes les ficelles.

C’est la grande croyance anxiolytique des années zéro. Même si tout part en vrille, je dois continuer d’affirmer que le monde a un sens...

Thomas Josse

Contact communication : agencethomasjosse@gmail.com

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