UN VENT DE JEUNESSE SUR LA CHIRURGIE






« Plastique », matériau polymère, synonyme de silhouette, des arts plastiques, d’une  catégorie artistique regroupant les activités esthétiques maniant les formes et les volumes telles la sculpture et la peinture.

Plastique peut signifier aussi une capacité à modeler après le point de non-retour et avant la rupture. Sans chercher de point de non rupture le chirurgien doit avant tout comprendre la demande psychologique du patient avant de comprendre sa « plastique ».



Quelle différence entre le chirurgien plastique et esthétique ? 


La chirurgie plastique est définie comme étant la chirurgie de la peau et des tissus mous, non viscéraux.

La chirurgie plastique englobe la chirurgie esthétique et la chirurgie réparatrice. La chirurgie esthétique apporte une transformation du « normal » au « beau » tandis que la chirurgie réparatrice répare un défaut (malformation congénitale, morsure, reconstruction mammaire suite à une mastectomie etc.)

C’est par cette définition que je me suis intéressé au terme « plastique » dans l’univers du chirurgien. Et comme le hasard ne fait pas mal les choses j’en ai rencontré un, il fait même partie de la jeune génération !


Avant de l’interviewé en bord de mer, dans la plénitude d’une ville bourgeoise , entre les pages d’histoire napoléonienne , et l’engouement des générations de surfeurs. Où il vit un exil vivifiant, teinté d’émerveillement.

Je vais me pencher sur le terme « jeunesse » . 

La jeunesse a souvent été apparentée à la chirurgie, cette recherche désespérée de nombreux patients laisserait-elle la place à des demandes nettement plus raisonnées ?

Embellir, défatiguer, rafraichir, être en forme, voilà les termes entendus dans les offices. « Docteur je ne veux pas paraître épuisée ». Même si Madame ne dors que 5 heures par nuit, n’entendrait-elle pas les cris des experts du sommeil ?

Le chirurgien doit trouver une parade, un quelque chose à proposer en cherchant dans sa boite de pandore, comme l’artisan recherche dans sa caisse à outils.

Les outils du chirurgien ne seraient rien sans son oeil, son analyse, sa justesse, même s’il peut manquer parfois d’un support psychologique face à un patient de plus en plus tiraillé par une apparence devenue objet de convoitise.

L’apparence peut nous fait perdre nos repères, nous interroge sur notre interprétation mais aussi notre rôle dans une société marquée par l’apparence plutôt que l’être.

Le passage à l’acte, ou plutôt la prise de rendez-vous chez le chirurgien plastique est un élan, un détournement de l’attention pour montrer l’intention de changer, de s’améliorer, de plaire ou écartant le risque de déplaire.

Le praticien doit donc savoir répondre sans décevoir au risque de voir l’étoile sur Google.

Une autre difficulté du chirurgien, il doit joindre l'outil à l’agréable, puisque la patiente ne veut plus souffrir, elle voudrait du take-away, de l’acte de consommation courante qui répondrait avec justesse à son besoin de consommer sa silhouette.



Alors finalement l’envie de jeunesse éternelle fait-elle partie du passé ? Sommes-nous prêt à vieillir mais sans avoir l’air fatigué ?

Pour répondre à cette question direction la côte Basque, plus précisément dans ce genre de ville qu’est Biarritz.

Interview du Dr Florian Nadon, Chirurgie Maxillo-Faciale, Reconstructrice et Esthétique à Biarritz. 




Mon sujet d’article est jeunesse, et vous faites partie de cette jeune génération de praticiens Français, à votre sens cela représente plutôt une chance ou une étape à franchir pour gagner en crédibilité ? 


> Cela représente une véritable chance pour moi de pouvoir exercer ce métier passionnant. La chirurgie est une discipline rigoureuse, pointue et mieux vaut avoir de l’énergie à revendre pour faire face à la charge de travail au quotidien, à la nécessaire formation continue. 
Les évolutions perpétuelles nous imposent une remise en question permanente. Je pense que le plus difficile est évidemment de se maintenir à la pointe dans ce métier.


La chirurgie esthétique en particulier est exigeante car nous prenons en charge des patients « non malades » qui nous sollicitent pour corriger un trait jugé disgracieux ou les signes du temps. Nous n’avons pas le droit de nous tromper.

Le bagage acquis au cours des nombreuses années de formation nous aide en cela et nous apporte une certaine crédibilité. Mais c’est évidemment en avançant dans notre carrière que les patients, les confrères nous feront de plus en plus confiance, qu’une reconnaissance s’installera.

Votre métier, était-il une forme de conviction, d’auto thérapie, ou alors une vraie passion ? 

> Les études médicales nous permettent, au gré des stages, des expériences, de nous orienter progressivement et sûrement inconsciemment vers nos centres d’intérêts naturels. Pour moi, il était évident qu’il me fallait un métier manuel, technique et qui me permette d’assouvir une certaine passion pour la plastique, le beau.

La reconstruction est peut être la branche la plus noble ; quoi de plus gratifiant que d’avoir la possibilité de redonner forme et/ou fonction à un visage meurtri par la maladie, l’accident. Je me suis sur-spécialisé dans la prise en charge du visage car pour moi c’est la région du corps qui me permet d’agir sur le tégument en modelant son apparence, sa forme, ses ombres et ses reflets, son mouvement mais aussi « la quatrième dimension », celle du temps qui passe.
Mais encore fallait il avoir la chance de passer sans encombre les terribles examens classants et de se faire une place au sein des services hospitaliers.

Sur la côte Basque nous trouvons des femmes et des hommes plutôt séduisant(e)s, avez-vous une demande plutôt d’embellissement ou au contraire de « réparation » ? 

> C’est vrai qu’il existe sur la côte basque un certain art de vivre, un esprit californien. Bien manger, une vie saine, sport et culte du corps tiennent une place importante. Ceci est particulièrement en adéquation avec l’air du temps, ce qui attire beaucoup de monde. J’ai donc une forte demande de prise en charge à visée esthétique, non pas pour transformer mais toujours pour corriger avec subtilité et naturel des traits jugés disgracieux.

Ce soucis de naturel est heureusement LA tendance en esthétique en France, ce qui nous distingue de nombreux pays. Je réalise également beaucoup de reconstruction, essentiellement dans les suites de cancers de la peau. Ici, les gens sont très exposés aux effets du soleil, cause principale de ces maladies.


Que pensez-vous de cette course vers le corps parfait ? Avez-vous un secret pour refuser ou détourner une demande ? 


> Il est clair que nous vivons une époque où l’image tient une part très importante. Nos sociétés post industrielles sont plongées dans un magma d’écrans, de publicités, de sollicitations multiples pour nous faire consommer à outrance. Faut-il ressembler à ces canons de beauté étalés partout pour exister ?

Sûrement pas. Les réseaux sociaux et la mode des selfies ont exacerbé ce phénomène avec un élément important que l’on peut souligner : la standardisation des visages affichés (position du visage, mimique...) d’où en découle la standardisation des demandes en esthétique (lèvres pulpeuses, pommettes hautes, petit nez…).
Mais ce phénomène n’est pas uniquement le fait de l’époque, il est le propre de l’humanité.

De tout temps, les Hommes ont plébiscité des canons de beauté vers lesquels il fallait tendre. La seule différence aujourd’hui est que nous disposons de moyens incroyables pour y parvenir.

La course vers le corps parfait est donc inévitable mais elle ne doit pas se faire au prix du n’importe quoi.

Mon métier n’est pas de répondre à une demande de consommateur de chirurgie ou de médecine esthétique. Il consiste à orienter, conseiller. C’est la condition pour ne pas réaliser des gestes non adaptés qui pourraient nuire à notre pratique et à notre crédibilité. 
Je n’ai pas de secret pour détourner une demande. Je pense simplement qu’il est primordial d’instaurer le dialogue pour se faire une idée précise des attentes de la personne, de sa psychologie et ainsi de l’orienter non pas forcément vers sa demande initiale mais vers la prise en charge la plus optimale pour elle. 
Pour cela, il faut savoir prendre le temps: l’écouter, la comprendre et elle entendra votre avis. Ceci évitera l’insatisfaction du patient et pour le praticien de trahir ses propres convictions.
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Je repars avec mon enthousiasme à son égard, et me je me dis que la relève est assurée, le temps qu’il faudra, le temps de se poser la question si la jeunesse est vraiment derrière nous…


Thomas Josse


Contact communication ; agencethomasjosse@gmail.com

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