LE NOUVEAU CABINET POUR UNE NOUVELLE MÉDECINE




Le médecin ne soigne pas toujours  des « malades » mais des gens en parfaite santé, à cela je fais référence à l’absence d’incapacité. Pourrait-on appeler cela médecine esthétique et même médecine psychologique ?

Médecine de la longévité à coup sûre ! Entre prévention ou plutôt prise de conscience ( une personne fumeuse ne pourra pas prétendre à une santé optimale ), prédictive grâce aux tests de plus en plus précis et surtout personnalisation du traitement ( même si cette expression ne veut plus trop rien dire maintenant ).
Une médecine entre science-fiction et réalisme, à quoi ressemblera la consultation dans les années à venir ? Mais surtout en quoi le cabinet a un rôle important pour le patient ?


Êtes-vous déjà allés chez le médecin sans être malade ?


Moi oui, et il est même étonnant de constater à quel point la cabinet, incluant bien évidement la structure entière, est devenue un laboratoire de la vie contemporaine.

Le cabinet se transforme petit à petit en cabinet de psychologie, sans psychologue, en secrétariat sans secrétaire puisque juste un robot disant bonjour, bonsoir, vous réceptionne, en salle d'attente fonctionnelle sans attente puisque les rendez-vous sont gérés au cordeau grâce à des applications de prise de rendez-vous venant de Docto"libre" ( libre : pas sûr, mais tellement pratique ), Facebook, Instagram, Snapchat ( il faudra juste tomber sur la bonne video au bon moment ) sans oublier le bon vieux site internet.

Des rendez-vous pris sur un coup de tête, annulé d'un simple coup de doigt sur son clavier ou alors sans annulation pour ressembler à une promesse fumeuse d'un patient souffrant du toc de la prise de rendez-vous sans suite...

Mais en finalité, ce patient n'irait-il pas mieux en simplement prenant rendez-vous ? Comme si la simple idée devenait effet placebo, la simple idée de consulter ne tiendrait qu'à une envie fugace, aussi fugace qu'une envie de bonbons !

La consultation est devenue hyper connectée puisque le patient se retrouve photographié pour être traité sur un iPad, numérisé pour être envoyé par wifi sur d'autres écrans de praticiens via des groupes de discutions entre confrères en attendant le verdict, la sage décision, le conseil juste venant d'une consœurs à l'autre bout du pays, une décision sans appel, presque mystique, comme le croyant attendant le Messi.

Cette prise en charge du patient intégrant l'avis des confrères, mais aussi la possibilité de multitudes de traitements sur des plateaux techniques quasi neufs permet à cette médecine esthetique ou plutôt de la psychologie d'apporter une réponse standardisée face à une patientèle se dirigeant vers une pensée clonée, commune pour faire un face à face avec la dysmophophobie, à quand le volte face ?

Les cabinets sont devenus de véritables centres de vie : Ils prennent en compte de plus en plus de fonctions. Aujourd’hui, on y retrouve l’ensemble des spécialistes allant de la dentisterie en passant par la chirurgie de l'obésité, par l'experte en cosmétologie et la spécialiste du maquillage permanent voir même du détatouage...

A tel point qu’après avoir envisagé des plateaux médicaux se limitant à ses actes, on pourra bientôt installer d'autres fonctions dans ces cabinets, comme un psychologue, un sophrologue, et pourquoi pas un coiffeur ?

Le cabinet se transforme petit à petit en centre commercial de l'anti-âge, de l'éclat, de la beauté, le praticien parle même de "client" c’est même déjà l’indice d’un ailleurs.

Mais pourrait-on concrètement prendre du plaisir dans un cabinet ?

Au bout d’une heure passée dans un cabinet sans avoir le stress de passer l'examen, on finit étrangement par s’y sentir à l’aise. L’organisation d’un cabinet ressemble à celui d’une petit ville, les cabinets sont faits de bric et de broc, se sont agrandis, ont fait évoluer leurs usages et sont souvent dépareillés.

Il est vrai que l'architecture intérieure vieillie très vite, elle devient très vite dépassée. L’obsolète de certains cabinets côtoie l’avenir. Comme n’importe quelle ville en somme.

Le patient ne voit pas toute la machinerie qui est cachée et mystérieuse. Comme une ville cache ses égouts ? Ça va plus loin que ça.
Il y a un monde, celui des patients-clients , et un inframonde, celui des médecins, assistants, secrétaires, commerciaux, représentants, industrielles, fabricants, communicants, organisateurs de congrès...
Le patient n’entre jamais dans ce monde, sauf au travers de quelques photos balancées sur un profil Facebook"pro" lors d'un séminaire de son praticien.


Pour mettre ses patients à l’aise, et meubler "l'impression" médicale du lieu, certains cabinets introduisent des affiches, statues, ( fausses ) plantes, plaquettes publicitaires promettant le rajeunissement à coup sûr..

Malgré tout ces efforts, le cabinet reste parfois mal aimé du patient, considéré comme froid voire "trop hospitalier".

Pourtant à mon sens, le cabinet est bien plus que ça, c'est un lieu hors du rapport au temps, un lieux qui trouble notre rapport au corps.

Nous pourrions même oublier nos propres corps pour faire corps commun avec une idée, celle véhiculé par les videos se diffusant sur l'écran de salle d'attente, les flyers montrant des corps issus de Photoshop et pourtant parlant d'amélioration c
orporelle...

Mais finalement, ce que l’on demande à un cabinet , c’est avant tout d’être commode pour une vie ouverte sur le monde.

Les cabinet sont connectés par "essence". 
 Ils forment un système monde, ils sont reliés ensemble, comme les ports d’une banlieue invisible. Tout cabinet en postule un autre, il y a des patients qui viennent pour retrouver confiance en soi, d'autres pour rajeunir, d'autres pour s'embellir, d'autres pour passer leurs temps, les patients rencontrent leurs médecins, de spécialistes en spécialistes de cabinets en cabinets puis repartent. Ils utilisent le cabinet comme une fin en soi dans leur recherche intérieure.

Finalement nous nous sentons bien dans un cabinet. Mais pourtant les cabinets sont des lieux qui ne vivent que pour leur fonction. Surtout, il leur manque l’exotisme. Certains cabinets ont une décoration très personnelle. Mais dans l’ensemble, ils sont tous pareils. Il y a la même acoustique et le même climat...

Heureusement que le praticien est encore là pour mener la danse..

Thomas Josse



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